Première plume
Au début, bien sûr, je n’avais rien compris.
Je crois que je ne savais même pas faire la tortue –
ni simplement aller l e n t e m e n t .
Et, confondant la chute avec le vol, j’étais persuadé que je savais voler – mais je n’avais même pas de plumes…
C’était en 1999, et je commençais le taijiquan et le shaolinquan, à Bruxelles.
Les premiers cours, souvent, sont l’occasion… de voir si on retourne aux suivants. Si on tient. Si on reste. Si on dure. [Gong Fu] : travail long et demandant de l’application. Les occidentaux disent : fastidieux.
I - Un caractère borné aide.

A force de rester – vous êtes toujours là ? – l’univers conspirant pour nous, un jour, une étoile, une planète ou une première collision se produit : J’ai rencontré M° Franco Mescola en Italie, tout à fait par hasard, à la plage, en 2005. On se baignait. Je ne le savais pas (mais je ne savais vraiment pas grand-chose), mais il allait m’apprendre à plonger : je nageais depuis quelques années et jamais je n’avais pensé qu’il y avait un océan entier en-dessous de moi.
II - Savoir respirer aide.
(Faites-le d’ailleurs : inspirez, expirez. Si nécessaire, répétez.)

Un maître peut transmettre un art martial. Mais ce qu’il transmet n’est pas une forme, une suite de mouvements, une méthode de respiration ou une explication. C’est la sensation d’un flux. Le partage en direct d’une sensibilité de et à la vie, sans l’intermédiarité du mental.
C’est ce à quoi m’a ouvert Franco Mescola. Depuis, j’ai continué à chercher. La recherche de la base est le sommet.
III - Ne pas vouloir y arriver aide.

Chemin faisant, j’ai rencontré d’autres enseignants, qui tous m’ont appris à mieux être débutant. L’océan était toujours plus profond.
Toujours par hasard (ce cher hasard…), j’ai rencontré M° Daniel Belotti, qui m’a fait découvrir le xin yi bagua.
Ce fut clair : je n’étais nulle part. C’est un bon moyen d’avancer.
IV - Se perdre aide à se trouver.
Enseigner à mon tour n’a pas été évident. Les chemins creux, les détours, les doutes et les interrogations sont nombreuses – et passionnantes. Elles me permettent de rester curieux.
Curieux : du latin ‘curare’ : prendre soin.
Etre curieux du monde : prendre soin du monde.